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DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

dieux les opinions de ce même vulgaire.

Quant à l’audace de Pan, et à cette présomption qu’il eut de défier Cupidon à la lutte, cela signifie que la matière n’est pas sans quelque tendance, sans quelque penchant à la dissolution du monde, et qu’elle le replongeroit dans cet ancien chaos, si la concorde, qui prévaut contre elle, et qui est ici figurée par l’Amour ou Cupidon, en mettant un frein à sa malice et à sa violence, ne la forçoit, pour ainsi dire, de se ranger à l’ordre. Ainsi, c’est par un destin propice aux hommes et aux choses, ou plutôt par l’infinie bonté de l’Être suprême, que Pan a le dessous dans ce combat, et se retire vaincu. C’est ce que signifie aussi cette allégorie de Typhon, embarrassé dans des rêts. Car, quoique toutes choses soient sujettes à des gonflemens prodigieux et extraordinaires, et c’est ce que dit ce mot Typhon, soit qu’on voie s’enfler la mer, la terre ou les nuages ; c’est en vain qu’en s’enflant ainsi, ils s’efforcent de sortir de leurs limites ; la