Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/436

Cette page a été validée par deux contributeurs.
327
DES SCIENCES, L. II. CH. XI.

accomplissement a lieu tantôt d’une manière continue, tantôt dans un temps précis ; ils retracent la nature de leur auteur[1], pour qui un seul jour est com-

    que tout, par cela même elles ne prédisent presque rien ; et à cet égard elles ont toute la perfection des oracles de Delphes ; comme elles ont à peu près la même destination, celle d’exciter les hommes à consulter plus souvent les prêtres que leur propre expérience et leur propre raison.

  1. Il semble que le langage d’un prophète, dieu ou homme, doive moins se proportionner à l’intelligence de celui qui parle, qu’à la portée de ceux qui l’écoutent ; vu que pour n’être point entendu, il n’est pas absolument nécessaire de parler obscurément, et qu’il suffit de se taire. S’il existait un véritable prophète, il se garderait bien d’employer un langage obscur et mystérieux, de peur que cette obscurité ne l’exposât à être confondu avec les faux prophètes, qui sont toujours énigmatiques, et ont un intérêt visible à l’être ; il prendroit peine au contraire à exprimer ses prophéties avec toute la clarté possible, afin qu’il ne restât aucun doute sur le parfait accord des événemens avec ses prédictions ; voilà précisément pourquoi le langage des prophéties de l’écriture sainte est si obscur et si énigmatique.