Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/378

Cette page a été validée par deux contributeurs.

artificielles ; d’où est résulté cet inconvénient, que les écrivains sur l’histoire naturelle croient avoir tout fait, dès qu’ils ont pu composer une histoire des animaux, ou des végétaux, ou des minéraux, abandonnant ainsi les expériences des arts méchaniques. Un autre préjugé qui s’est établi dans les esprits, c’est de regarder l’art comme une sorte d’appendice de la nature : d’après cette supposition, que tout ce qu’il peut faire, c’est d’achever la nature, il est vrai, mais la nature commencée ; ou de l’amender, quand elle tend au pire ; ou enfin de la débarrasser des obstacles, et point du tout de la changer tout-à-fait, de la transformer et de l’ébranler jusques dans ses fondemens ; ce qui a rendu, avant le temps, les affaires humaines tout-à-fait désespérées. Les hommes auroient dû, au contraire, se pénétrer profondément de ce principe, que les choses artificielles ne différent pas des choses naturelles par la forme ou par l’essence, mais seulement par la cause efficiente ; car