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de volupté, est vraiment un bien pur et tel par essence, et non un bien accidentel et illusoire. Et ce n’est pas un plaisir qui doive occuper, dans l’ame humaine, le dernier lien, que celui dont parle Lucrèce lorsqu’il dit : il est doux, lorsque la tempête bouleverse les flots d’une mer d’une vaste étendue.

C’est un doux spectacle, dit-il, soit qu’on s’arrête ou se promène sur le rivage de la mer, de contempler un vaisseau battu par la tempête. Il n’est pas moins doux de voir, d’une tour élevée, deux armées se livrant bataille dans la plaine[1] ; mais rien n’est plus doux pour l’homme que de sentir son ame placée par la science sur la citadelle de la vérité d’où il peut abaisser ses regards sur les erreurs et les maux des autres hommes.

Enfin laissant de côté ces argumens si

  1. Il serait peut-être plus doux de voir le vaisseau arriver à bon port, à l’aide d’un vent favorable, et de voir les deux armées faire la paix ; mais cela serait moins poétique.