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De plus, dans ce recueil d’apophthegmes qu’il composa, nous voyons qu’il jugea qu’il lui seroit plus honorable de se changer, pour ainsi dire, lui-même en tablettes et en codicilles, en rapportant les dits les plus graves et les plus judicieux des autres, que de souffrir que l’on consacrât ses paroles comme autant d’oracles, comme certains princes ineptes et séduits par la flatterie, souhaitent qu’on le fasse pour eux. Si cependant je voulois faire l’énumération de la plupart de ses dits, comme je l’ai fait pour Alexandre, on trouveroit qu’ils sont de la nature de ceux dont Salomon a dit : les paroles du sage sont comme autant d’aiguillons, autant de clous qui s’enfoncent bien avant. C’est pourquoi je n’en proposerai que trois, qui ne sont pas tant admirables par leur élégance, que par leur force et leur efficace.

1o. Quel plus grand maître dans l’art de parler que celui qui sut appaiser une sédition, dans une armée, à l’aide d’un seul mot. Or, voici comment la