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Nul doute que ce genre de services que rendent les sciences dans l’état de société et qui consiste à prévenir le mal que l’homme peut faire à l’homme, ou à y remédier, ne le cède que de bien peu à cet autre genre de services qu’elles nous rendent, en allégeant toutes ces nécessités que nous impose la nature même. Or, ce genre de mérite est fort bien caractérisé par la fiction du théâtre d’Orphée où les animaux terrestres et les oiseaux du ciel se rassembloient en foule ; et là oubliant leurs appétits naturels, tels que ceux qui ont pour objet la chasse les jeux et les combats, se tenoient ensemble paisiblement, amicalement, attirés et apprivoisés par les accords et la suave mélodie de la lyre. Mais dès que le son de cet instrument venoit à cesser, ou à être couvert par un plus grand bruit, aussi-tôt ces animaux retournoient à leur naturel ; fable qui peint élégamment le génie et les mœurs des hommes, qui tous sont sans cesse agités par des passions sans frein et sans