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Car les hommes qui appètent la science, sont déterminés par différens motifs. Chez les uns, c’est une certaine curiosité native et inquiette ; les autres n’y cherchent qu’un passe-temps et qu’un amusement. D’autres veulent se faire, par ce moyen, une certaine réputation ; d’autres encore, ne voulant que s’escrimer, y voient un moyen pour avoir toujours l’avantage dans la dispute ; la plupart n’ont en vue que le lucre, et n’y voient qu’un moyen pour gagner leur vie. Il en est peu qui pensent à employer pour sa véritable fin, la raison dont les a doués la divinité pour l’utilité du genre humain. Voilà leurs différens motifs. Sans doute, comme s’il ne s’agissoit, en acquérant la science, que d’y trouver, ou un lit de repos pour assoupir leur génie bouillant et inquiet ; ou encore un portique où l’on pût se promener librement et vaguer au gré de ses désirs ; ou une tour élevée, d’où l’ame ambitieuse et superbe pût abaisser des regards dédaigneux ; ou même une citadelle, un fort pour combattre sans