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qui les trompent agréablement et les séduisent comme ils le méritent.

Une autre erreur, fort voisine de la précédente, est que les hommes, trop attachés à certaines opinions et à certaines conceptions qui leur sont propres et qu’ils ont principalement en admiration, ou aux arts auxquels ils se sont plus particulièrement adonnés et comme consacrés, en imbibent et en infectent leurs théories et leurs doctrines, donnant à tout la teinte de ces genres dont ils font leurs délices ; sorte de fard qui les trompe en flattant leurs goûts. C’est ainsi que Platon a mêlé à sa philosophie la théologie[1] ; Aristote, la logique ; la forces motrices est incomplète que, dans la physique générale ils ne parlent point de Dieu, ou de ses équivalens.se-

  1. S’il est vrai que le grand ressort de ce monde soit Dieu, la théorie des ressorts étant une partie de la méchanique ; et la méchanique, une partie de la physique ; dès-lors on est forcé de mêler la théologie à la philosophie. C’est parce que les physiciens considèrent toujours le mouvement de ce monde comme à produire, qu’ils ne sentent pas assez cette vérité. C’est donc par cette théorie des