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la contemplation de la nature et l’expérience, pour se rouler, en quelque manière dans leurs propres méditations, dans les fictions de leur esprit. Au reste, ces merveilleux conjectureurs, et s’il est permis de s’exprimer ainsi, ces intellectualistes, qui ne laissent pas d’être décorés du titre de sublimes, de divins philosophes, c’est avec raison qu’Héraclite leur a lancé ce trait en passant : les hommes cherchent la vérité dans leur petit monde et non dans le grand.

Ils dédaignent cet abécédé de la nature, et cet apprentissage dans les œuvres divines ; sans ce mépris, ils auroient peut-être pu, en marchant par degrés, et pas à pas, apprendre à connoître d’abord les lettres simples, puis les syllabes, enfin s’élever au point de lire couramment le texte même et le livre entier des créatures. Mais eux au contraire, dans une perpétuelle agitation d’esprit, ils sollicitent et invoquent, pour ainsi dire, leur génie, afin qu’il prophétise en leur faveur, et qu’il leur rende des oracles,