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cret. Par où l’on nous fait entendre que celui qui est curieux est aussi bavard ; de même on peut dire que tout homme qui croit aisément, trompe tout aussi volontiers[1] En effet nous voyons tous les jours, par rapport à la renommée et aux bruits qui courent, que les hommes qui ajoutent aisément foi aux premières nouvelles, sont aussi ceux qui sont les plus portés à les enfler. Et c’est ce que Tacite exprime judicieusement en ce peu de mots : ils mentent et croient tout ensemble. Tant il est vrai qu’il n’est rien de plus voisin que ces deux choses, la volonté de tromper, et la facilité à croire.

Or, cette facilité à tout croire et à tout recevoir, quoiqu’appuyée sur la plus foible autorité, est de deux espèces, et varie

  1. La même foiblesse d’esprit qui fait qu’on adopte l’opinion d’autrui sans l’avoir examinée, fait aussi qu’on adopte sans examen cette opinion très fausse ; qu’à la longue on peut gagner beaucoup en trompant les autres avec une certaine adresse.