Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’avons dit, consiste à s’attacher aux mots et non aux choses. Or, quoique nous ayons tiré des temps les plus voisins du nôtre les exemples de ce genre d’excès, ce genre d’inepties n’a pas laissé de plaire autrefois, tantôt plus, tantôt moins, et plaira encore un jour. Mais il ne se peut que cela même ne contribue singulièrement à relever ou à rabaisser la réputation de la science, même auprès du vulgaire ignorant ; attendu qu’il voit que les écrits des savans ressemblent fort à la première lettre d’un diplôme, laquelle, quoique bigarrée de traits de plumes et de petits ornemens, ne forme après tout qu’une seule lettre. Or, je trouve qu’une image très fidelle et une espèce d’emblème de cette sorte de goût, c’est la manie de Pigmalion ; car, au fond, que sont les mots ? sinon les images des choses ; et ces images, si la vigueur des raisons ne leur donne de l’ame et de la vie, s’y attacher si fort, c’est être amoureux d’une statue.

Cependant il ne faut pas non plus con-