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œil, est privé d’une faculté bien nécessaire dans la vie active. La seconde cause est leur probité et la simplicité de leurs mœurs ; ce qui est plutôt la preuve d’un choix judicieux, qu’un vrai défaut. En effet, les limites véritables et légitimes de l’assiduité qu’on peut avoir auprès de tel ou tel personnage, se réduisent à étudier ses mœurs afin de pouvoir traiter avec lui sans le choquer, l’aider de ses conseils au besoin, et pourvoir en même temps à sa propre sûreté en toutes circonstances : mais de scruter les secrettes affections d’un autre homme, afin de le plier, de le manier, de le tourner à son gré, est le propre d’un homme peu candide, d’un homme rusé, d’un homme double ; et ce qui seroit déjà très vicieux en amitié, devient un crime dès qu’il s’agit des princes ; car cette coutume de l’Orient, qui défend de fixer les yeux sur les souverains, a, quant à l’usage même, je ne sais quoi de barbare mais, quant à ce qu’elle signifie, elle ne laisse pas d’avoir son mérite ; il n’appartient pas