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même de leurs occupations qui ne semble pas des plus nobles.

Quant à la pauvreté, si l’on voit tous les jours que les Lettrés sont indigens, que la plupart sont d’une extraction assez obscure, et qu’ils ne s’enrichissent pas aussi vite que d’autres qui ne halètent qu’après le gain, l’éloge de la pauvreté est un fort beau sujet ; mais c’est aux religieux mendians qu’il vaudroit mieux abandonner le soin de le traiter (soit dit sans les offenser) ; religieux dont Machiavel ne faisoit pas un foible éloge, lorsqu’il disoit d’eux : depuis long-temps le règne des prêtres serait passé, si la vénération pour les frères et les religieux mendians n’eût balancé l’effet du luxe et des vices des évêques. C’est ainsi qu’on peut dire hardiment que, de cette prospérité et de cette magnificence qui donnent tant d’éclat aux princes et aux grands, on seroit dès long-temps retombé dans la misère et la barbarie, si l’on n’avoit, à ces mêmes Lettrés si miserables, l’obligation de la décence et des