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dans tous ces mouvemens qu’ils se donnent, ils ne paroissent avoir d’autre but que celui de s’attirer les applaudissemens des autres, ou de s’applaudir à eux-mêmes. Les Lettrés sont les seuls qui se délectent dans leurs affaires et leurs occupations, les regardant comme des actions conformes à leur nature, et non moins salutaires à l’ame que l’exercice l’est au corps, n’envisageant que la chose même, et non ses émolumens[1] ; en sorte qu’ils sont de tous les hommes les plus infatigables, pourvu que ce qui les occupe soit de nature à fixer, à remplir l’ame en proportion de sa dignité. S’il s’en trouve qui, très ardens à la lecture, deviennent mous et lâches dès qu’il s’agit de mettre la main à l’œuvre, ce défaut, on ne doit pas l’attribuer aux lettres,

  1. Il y a précisément autant d’hommes de lettres indifférens à la gloire et étudiant pour le seul plaisir d’étudier qu’il y a d’ouvriers indifférens au gain, et travaillant pour le seul plaisir de travailler.