Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui aime les affaires pour les affaires mêmes, si ce n’est les Lettrés ; car les uns aiment les affaires et les occupations en vue du gain, comme les mercenaires aiment le travail en vue du salaire. Les autres ont la gloire pour but : tandis qu’ils travaillent, ils vivent, pour ainsi dire, dans les yeux d’autrui, toujours esclaves de leur réputation, qui s’évanouiroit sans cela. D’autres aspirent à la puissance, et ne recherchent que cette prérogative que donne la fortune, pour récompenser leurs amis et se venger de leurs ennemis. Il en est qui, en travaillant, ne pensent qu’à exercer telle de leurs facultés dont ils sont amoureux, pour se féliciter plus souvent à ce titre et se sourire à eux-mêmes. D’autres enfin, pour atteindre tel ou tel but qu’ils se proposent : ensorte que, ce qu’on dit ordinairement des glorieux, que leur courage est dans les yeux de ceux qui les regardent, on peut l’appliquer à tous les hommes de cette trempe ; dans tous ces travaux auxquels ils se condamnent,