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l’art militaire. Dans l’état politique, ils corrompent les esprits, en les rendant ou trop curieux par cette grande diversité d’objets à laquelle ils les accoutument, ou trop roides par la rigueur des règles qu’ils prescrivent, ou trop superbes par la grandeur imposante des exemples qu’ils y proposent, ou trop étrangers à leur siècle par la disparité de ces mêmes exemples ; ou tout au moins, d’une manière ou de l’autre, ils détournent les esprits des affaires et de l’action, en leur inspirant peu-à-peu l’amour de la retraite et du repos : ils introduisent dans les républiques le relâchement de la discipline, en rendant chacun plus prompt à disputer qu’à obéir. Aussi, ajoutent-ils, voyons-nous que Caton le censeur, lorsqu’il vit la jeunesse romaine accourant de toutes parts vers le philosophe Carnéade, qui étoit venu à Rome en qualité de député, attirée par la douceur et la majesté de son éloquence ; Caton, dis-je, d’accord sur ce point avec les plus sages mortels, fut