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la nature, Dieu ne fait rien que par les causes secondes. Or, s’ils vouloient nous persuader le contraire, ce seroit alors soutenir une pure imposture en faveur de Dieu ; et ce ne seroit autre chose qu’immoler à l’auteur de toute vérité, l’immonde victime du mensonge. Bien plus, il est hors de doute, et c’est ce qu’atteste l’expérience, quand on ne fait encore que goûter de la philosophie, elle peut porter à l’athéisme : mais l’a-t-on, pour ainsi dire, bue à longs traits, alors elle ramène à la religion ; car à l’entrée de la philosophie, lorsque les causes secondes, comme étant plus voisines des sens s’insinuent dans l’esprit humain ; que l’esprit même s’y arrête et y fait un trop long séjour, l’oubli de la cause première peut s’y glisser. Mais, si, poursuivant sa route, on envisage la suite, la dépendance mutuelle, l’enchaînement des causes secondes, et le tout ensemble des œuvres de la Providence, alors, conformément à la mythologie des poëtes, on croira aisément que l’anneau le plus