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espèce de culte que les autres se piquent de rendre aux sens, il me semble que c’est nous qui le leur rendons réellement. Tels sont les moyens que nous avons préparés pour saisir la lumière de la nature et la répandre sur les objets : moyens qui par eux-mêmes pourraient suffire, si l’entendement étoit plus uni, mieux applani et semblable à une table rase. Mais les esprits étant si remplis d’inégalités, qu’il nous manque absolument une surface bien nette et bien unie pour recevoir les vrais rayons des choses, nous sommes dans une sorte de nécessité de chercher encore un remède à cet inconvénient.

Les fantômes dont l’esprit humain est préoccupé, sont ou étrangers, ou innés. Quant aux fantômes étrangers, c’est des systêmes et des sectes philosophiques ou des mauvaises formes de démonstrations qu’ils ont émigré et sont venus s’établir dans les esprits. Mais les fantômes innés sont inhérens à la nature de l’entendement même, qui est beaucoup plus en-