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la confusion, et fait que la nature nous échappe des mains. En effet, quoiqu’il soit hors de doute que deux choses qui s’accordent dans le moyen terme, s’accordent aussi entr’elles (ce qui a une sorte de certitude mathématique), cependant il y a ici de la supercherie, en ce que le syllogisme est composé de propositions ; les propositions, de mots, et que les mots sont les signes et comme les étiquettes des notions. Si donc les notions même de l’esprit, qui sont comme l’ame des mots et comme la base de tout l’édifice, sont vagues, extraites des choses au hazard, ou par une fausse méthode ; si elles ne sont pas bien déterminées et suffisamment circonscrites ; si enfin elles pèchent de mille manières, dès-lors croule tout l’édifice. Ainsi nous rejetons le syllogisme, et cela non-seulement quant aux principes par rapport auxquels eux-mêmes n’en font aucun usage, mais même quant aux propositions moyennes que le syllogisme parvient sans contredit à déduire et à enfan-