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le chemin, n’est autre que ce soin même que nous avons d’humilier, sincèrement et autant qu’il est nécessaire, l’esprit humain ; car tous ceux qui, avant nous, se sont appliqués à l’invention des arts, contens de jeter un coup d’œil sur les choses, sur les exemples et l’expérience, comme si l’invention n’étoit qu’une certaine manière d’imaginer, se sont hâtés d’invoquer, en quelque manière, leur propre esprit, afin qu’il leur rendît des oracles. Quant à nous, qui nous tenons modestement et perpétuellement dans les choses mêmes, et ne nous éloignons des faits particuliers qu’autant qu’il est nécessaire pour que les images et les rayons des choses puissent se réunir dans l’esprit, comme ils se réunissent au fond de l’œil, nous donnons peu aux forces et à la supériorité du génie. Or, cette méthode, si humble, que nous suivons dans l’invention, nous la suivons aussi dans l’exposition ; car on ne nous voit pas, par de fastueuses réfutations, ou par d’ambitieux appels à l’antiquité, ou