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car nous ne sommes pas trop mécontens de ce qu’on a inventé jusqu’ici ; et nul doute que les anciens, dans tout ce qui peut dépendre du génie et d’une méditation abstraite, n’aient été des hommes admirables. Mais de même que, dans les premiers siècles, les hommes n’ayant que l’observation des étoiles pour se diriger dans leurs navigations, ils ne pouvoient que ranger les côtes de l’ancien continent, ou, tout au plus, traverser les mers méditerranées et de peu d’étendue ; et que, pour pouvoir traverser l’océan et découvrir les régions du nouveau monde, il a fallu d’abord inventer la boussole et y trouver un guide plus fidèle et plus certain ; de même aussi ce que jusqu’ici on a inventé dans les arts et les sciences, il suffisoit de l’usage, de la méditation, de l’observation, du raisonnement, pour le découvrir, attendu que ces connoissances-là sont assez voisines des sens, et presque immédiatement subordonnées aux notions communes. Mais, pour pouvoir aborder aux