actuellement ce qu’il faut penser de leur utilité. Toute cette prétendue sagesse que nous avons puisée chez les Grecs, n’est en quelque sorte que l’enfance de la science ; et elle a cela de commun avec les enfans, qu’elle est fort propre pour babiller ; mais que, faute de maturité, elle est inhabile à la génération : elle est très féconde en disputes, et très stérile en effets. Ensorte qu’on peut appliquer à l’état actuel des lettres ce que la fable nous raconte de Scylla, qu’elle avoit le visage et la physionomie d’une jeune fille ; mais qu’au-dessous de la ceinture, elle étoit environnée de monstres qui aboyoient avec un bruit terrible : de même les sciences auxquelles nous sommes accoutumés, offrent certaines généralités spécieuses, qui flattent au premier coup d’œil. Mais vient-on ensuite aux détails et aux applications, qui sont comme les parties de la génération, pour en tirer des fruits et des œuvres ; alors s’élèvent les disputes bruyantes, on n’entend plus que leur aboiement : c’est à quoi elles
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