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usage dans l’étude de la nature, n’est qu’un amas de matériaux mal choisis et mal assemblés, et ne forme qu’une sorte de monument pompeux et magnifique, mais sans fondement. Car, tandis qu’on admire et qu’on vante les forces imaginaires de l’esprit humain, on néglige, on perd ses forces réelles, du moins celles qu’il pourroit avoir si on lui procuroit des secours convenables, et qu’il sût lui-même se rendre docile et obéissant aux choses, au lieu de leur insulter, comme il le fait dans son audacieuse foiblesse. Restoit donc à recommencer tout le travail, en recourant à des moyens plus réels ; à entreprendre une totale restauration des sciences, des arts, en un mot de toutes les connoissances humaines ; enfin à reprendre l’édifice par les fondemens, et à le faire reposer sur une base plus solide. Or, quoiqu’une telle entreprise, au premier coup d’œil, semble infinie et paroisse excéder la mesure des forces humaines, néanmoins qu’on ose essayer, et l’on y