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ble, ou du moins pour améliorer ce commerce que la science établit entre l’esprit et les choses ; commerce auquel il n’est presque rien de comparable sur la terre, ou du moins dans les choses terrestres. Or, d’espérer qu’en abandonnant l’esprit à lui-même, les erreurs qui ont déjà pris pied, ou qui pourront s’établir dans toute la suite des temps, pussent se corriger naturellement et par la force propre de l’entendement humain, ou par les secours et les adminicules de la dialectique, un tel espoir eût été sans fondement ; d’autant plus que ces premières notions que l’esprit reçoit, qu’il serre, qu’il entasse, pour ainsi dire, avec tant de négligence et de facilité, et d’où naissent tous les autres inconvéniens ; que ces notions, dis-je, sont vicieuses, confuses, extraites des choses sans une méthode fixe, et que, soit dans les secondes notions, soit dans les suivantes, il ne règne pas moins de caprice et d’inconstance. Ainsi tout cet appareil scientifique dont la raison humaine fait