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INTRODUCTION.
X

Dans ce même poème de Bidasari, il est question d’un « garouda », comme d’un oiseau de malheur, semblable à celui qui, dans le poème germanique de Kûdrûn, enlève Hagen et l’emporte au haut d’un arbre. C’est, selon la description de Du Bartas :

« …l’indois griffon, aux yeux étincelants, à la bouche rouge, au dos noir, aux griffes ravissantes, dont il va guerroyant par monts et par vaux. »


Mais, selon les idées mythologiques des Malais, le « garouda » est un monstre à quatre pattes armées de longues serres, et il a les ailes et le bec d’un oiseau de proie. Leurs manuscrits le mentionnent souvent : il ravage des villes et des pays entiers, tue les personnes ou leur crève les yeux ; c’est le plus terrible fléau connu des insulaires de l’Archipel indien.

Il n’est donc pas étrange qu’un roi asiatique, à l’apparition de ce monstre, abandonne tout ce qu’il possède et se sauve en toute hâte.

Cette superstition est venue aux Malais des Hindous du continent, qui croient que leur dieu Vichnou est assis sur Garouda, et qui représentent cet oiseau avec la moitié du corps humain. Pour les Javanais,