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INTRODUCTION.

« À peine s’avança-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres, ces ronces et ces épines s’écartèrent d’eux-mêmes pour le laisser passer. Il marche vers le château, qu’il voyait au bout d’une grande avenue où il entra ; et, ce qui le surprit un peu, il vit que personne de ses gens ne l’avait pu suivre, parce que les arbres s’étaient rapprochés dès qu’il avait été passé. Il entra dans une grande avant-cour, où tout était capable de le glacer de crainte. C’était un silence affreux : l’image de la mort s’y présentait partout ; et ce n’étaient que des corps étendus d’hommes et d’animaux qui paraissaient morts. Il entre dans la salle des gardes, qui étaient rangés en haie, la carabine sur l’épaule et ronflant de leur mieux. Il traverse plusieurs chambres pleines de gentilshommes et de dames dormant tous, les uns debout, les autres assis. Il entra dans une chambre dorée, et il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus beau spectacle qu’il eût jamais vu, une princesse dont l’éclat resplendissant avait quelque chose de divin. Il s’approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux auprès d’elle. Alors, comme la fin de l’enchantement était venue, la princesse s’éveilla, et, le regardant avec des yeux des plus tendres :

« Est-ce vous, mon prince ? lui dit-elle ; vous vous êtes bien fait attendre ! »

« Avec la princesse, tout le palais s’était réveillé, et chacun songeait à reprendre sa charge… »