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INTRODUCTION.

l’amour, par laquelle Brunehilde s’attacha le héros Sigfrid.

Cet épisode de la délivrance de Brunehilde est devenu dans Perrault le conte de la Belle au bois dormant. Une fée avait prédit que la fille du roi tomberait dans un profond sommeil, et qu’après cent ans elle serait délivrée par le fils d’un autre roi. Quand les temps prédits furent venus, la princesse s’endormit. Son père la fit déposer dans le plus bel appartement de son palais, sur un lit couvert de broderies d’or et d’argent. « Au bout de cent ans », raconte Perrault, « le fils du roi qui régnait alors, et qui était d’une autre famille que la princesse endormie, étant allé à la chasse de ce côté-là, demanda ce que c’était que des tours qu’il voyait au-dessus d’un grand bois fort épais. Chacun lui répondit selon qu’il avait ouï parler : les uns disaient que c’était un vieux château où il revenait des esprits ; les autres, que les sorciers de la contrée y faisaient leur sabbat. Le prince ne savait qu’en croire, lorsqu’un vieux paysan prit la parole, et dit : « Mon prince, il y a plus de cinquante ans que j’ai ouï dire à mon père qu’il y avait dans ce château une princesse, la plus belle qu’on eût su voir ; qu’elle y devait dormir cent ans, et qu’elle serait réveillée par le fils d’un roi, à qui elle était réservée. » Le jeune prince, à ce discours, se sentit tout de feu ; il crut qu’il mettrait fin à une si belle aventure, et, poussé par l’amour et par la gloire, il résolut de la tenter sur-le-champ.