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INTRODUCTION.

l’un et l’autre de ces poèmes, nous voyons un palais enchanté où dort une jeune fille.

Dans l’Edda, la belle endormie a le front couvert d’un casque, et le corps, d’une cuirasse. Sigurd fend la cuirasse du haut en bas, et la jeune fille s’éveille. Elle remercie son libérateur de l’avoir arrachée à son engourdissement, et lui enseigne la puissance des runes. Le jeune héros échange avec elle des serments d’amour et devient son époux.

Dans les Nibelungen, Sigfrid se repose à l’ombre d’un arbre, et aussitôt les doux accents du rossignol viennent frapper son oreille. L’oiseau chantait une jeune beauté d’Isenland, et disait par quel courage de héros on pouvait obtenir cette beauté angélique. Sigfrid, qui avait déjà maintes fois lutté contre les bêtes féroces des forêts, se sentit tant d’ardeur, qu’il résolut de surmonter tous les obstacles et de délivrer la fille du roi, objet des continuels refrains du rossignol. Le petit chantre des bois devint son guide, et plus il faisait l’éloge de la charmante princesse et lui peignait les difficultés de sa délivrance, plus le jeune chevalier brûlait du désir de briser les chaînes de la royale prisonnière. Tous les oiseaux de la forêt entonnèrent un concert de louanges en l’honneur de Brunehilde, enfermée dans le château de Ségard, qu’entouraient des flammes éternelles ; ils chantaient d’espoir de voir bientôt rendre à la vie et à la liberté cette belle dormeuse, qui ne pouvait se réveiller du sommeil où des maléfices l’avaient plongée.