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INTRODUCTION.

détrônerait. C’est pourquoi le radja, lorsque cet enfant fut né, le fît déposer dans une caisse qu’il jeta dans la rivière. Un forgeron la recueillit, éleva l’enfant, et lui ayant donné le nom de Tjong-Winoro, il lui enseigna son art. Tjong-Winoro fit tant de progrès et fut si habile à forger des armes, qu’il fut appelé à la cour du roi son père et chargé de faire des kriss ou poignards de grand prix. Il réussit à satisfaire le prince, et toutes les faveurs lui furent accordées. En peu de temps, il se vit élevé aux premières dignités de l’État et en possession de la plus haute considération. La prophétie devait s’accomplir ; Tjong-Winoro crut le moment venu de réaliser ses projets ambitieux. Il invita le roi à une fête et l’enferma dans une cage qu’il jeta dans le fleuve ; il fit ainsi subir à son père le même sort auquel lui-même avait été soumis. Les autres fils du roi disparurent aussi et Tjong-Winoro occupa le trône de Padjadjaran. Mais il n’en resta pas paisible possesseur.


Dans cette même île de Java, parmi les antiquités de Soukouh[1], on voit une pierre sur laquelle est gra-

  1. Soukouh est une colline de la chaîne des montagnes de Lawou, à 26 milles environ à l’est de la capitale Sourakarta. Le mot soukouh signifie « pied » en kawi ; il a la même signification que soukou en javanais kromo. Il y en a qui le prononcent soungkouh, ce qui signifie en kawi « adorer, invoquer. » Le premier sens concorde parfaitement avec la situation de la colline qui est au pied de la haute montagne Lawou, et la deuxième interprétation convient au culte qu’on accordait à ce vieux monument.