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INTRODUCTION.

« Le patih s’étonna de cette demande, qui ressemblait au désir d’être tué.

« Adji Saka insista, mais stipula pour lui une pièce de terre de la grandeur de son turban s’il revenait sain et sauf.

« Le patih accéda à sa demande et le porta au palais du prince.

« Celui-ci rentrait au même instant et avait grand’faim, et il se réjouissait de ce que le patih lui donnait à manger un si bel enfant ; il saisit aussitôt Adji Saka et se mit sa tête dans la bouche.

« Mais Adji Saka prit alors les proportions d’un homme, et d’une main empoigna la lèvre supérieure du prince, de l’autre sa lèvre inférieure, et lui déchira la bouche de manière qu’il tomba mort sur-le-champ.

« Puis Adji Saka reprit ses formes enfantines, regagna la demeure du patih et lui annonça la mort du roi.

« Le patih fut très-étonné de ce qu’un enfant avait pu tuer le prince ; mais intérieurement il était très-heureux de la paix dont le royaume allait jouir, si on avait soin de ne pas choisir un anthropophage pour successeur.

« Alors Adji Saka réclama la récompense promise, et le patih lui dit : « Une pièce de terre de la grandeur de votre turban ne peut être mesurée ; ce serait à peine assez grand pour y dormir. Demandez plutôt un ou deux bourgs, je vous les donnerai. »