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LE SERVITEUR

jambes : je suis sûr, maintenant, d’avoir réveillé le Télégraphe, ce mystérieux personnage, qui va se lever et me poursuivre pour me tirer les oreilles, si je ne lui échappe par une fuite précipitée. J’en atteste, enfin, sa grand’ rue, pavée, et sa place de l’hôtel-de-ville, qui ne l’est pas, toutes deux bordées de magasins et de boutiques où l’on trouve toutes les marchandises, ou presque, de l’univers.

Libre à eux, maintenant, de la traverser avec indifférence, et même avec dédain ! Libre à eux de fixer sur elle, comme sur toi, leur regard à monocle et de considérer ses habitants comme d’étranges indigènes ! Sans doute écriraient-ils volontiers, aujourd’hui encore : « J’approche d’une petite ville, et je suis déjà sur une hauteur d’où je la découvre. Elle est située à mi-côte, une rivière baigne ses murs et coule ensuite dans une belle prairie ; elle a une forêt épaisse qui la couvre des vents froids et de l’aquilon. Je la vois dans un jour si favorable que je compte ses tours et ses clochers : elle me paraît peinte sur le penchant de la colline. Je me récrie et je dis : « Quel plaisir de vivre sous un si beau ciel et dans ce séjour si délicieux ! » Je descends