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XII

Ma mère était née à Tour-de-Pré, un village de la commune de Provency, non loin d’Avallon. Elle aussi avait dû travailler de bonne heure. Leur chaumière, un peu différente d’aspect de celles de notre Morvan, n’en était ni plus riche, ni plus confortable. Bâtie en pierre friable et recouverte de paille, une seule fenêtre étroite l’éclairait. Ils étaient six, dont deux garçons et deux filles que les nécessités de la vie avaient eu vite fait d’éparpiller.

Dès l’âge de sept ans, elle avait été servante dans un moulin, aux appointements annuels de deux doubles de blé pour ses parents et, pour elle, d’une robe, d’un tablier et d’une paire de sabots. Elle ne les usait pas, marchant presque toujours pieds nus. Elle avait peur quand la nuit on renvoyait « quérir » dans les prés la jument qui, par bonheur, n’était pas méchante.