mais nourri et ne coûtant pas un liard à tes parents : eux et toi, vous n’en demandiez pas plus. Tu dus apprendre à servir la messe. Il te fallut savoir par cœur les répons en latin : tu y réussis, à force de volonté. Tu soignais le cheval, nettoyais la voiture, et t’occupais du jardin et de la basse-cour. Le curé Petitier ne te donnait ni coups de tabatière, ni coups de règle.
À dix-huit ans, tu crus pouvoir prétendre à de plus hautes destinées, et t’en allas vraiment chercher fortune, cette fois, à Paris. Tes moyens ne te permettaient pas de rester indéfiniment à ne gagner à peu près que ta nourriture. Pour toi, Paris ce fut Vincennes. Tes occupations consistaient à frotter les couteaux dans un hôtel où prenaient pension des officiers d’artillerie. Le soir, ta besogne accomplie, au lieu d’aller te promener tu gagnais ta mansarde où tu lisais, à la clarté d’une bougie collée sur la table en bois blanc. De toutes tes lectures, tu ne te rappelais plus que certaines figures et quelques passages des Misérables : Jean Valjean, l’évêque Myriel, Waterloo. Ni Fantine, ni Cosette, ni Marius n’avaient frappé ton imagination ni ton cœur. Même aux environs de ta