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VIII

Toute ta vie m’est apparue dans la grandeur de sa simplicité. J’en ai fait la découverte par cette nuit de clair de lune sur les champs moissonnés à ras de sillons. Je l’ai vue devant moi, droite, inébranlable dans sa fermeté, forte au point de résister à tous les assauts de la moquerie, belle à pouvoir conquérir tous les cœurs.

Tu étais né dans ce Morvan qu’un de ses fils décrivait en des phrases rugueuses comme son pays même :

« C’est un terroir aréneux et pierreux, en partie couvert de bois, genêts, ronces, fougères et autres méchantes épines, où on ne laboure les terres que de six à sept ans l’un ; encore ne rapportent-elles que du seigle, de l’avoine et du blé noir pour environ la moitié de l‘année de leurs habitants qui, sans la nourriture du bétail, le flottage et la coupe des bois,