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LE SERVITEUR

et de la campagne qui sont un peu aisés, et sur la noblesse et le clergé, parce que, prenant leurs terres à bail de métairie, il faut que le maître qui veut avoir un nouveau métayer commence par le dégager et payer a ses dettes, garnir sa métairie de bestiaux, et le nourrir lui et sa famille une année d’àvance à ses dépens. Le pauvre peuple y est encore accablé d’une autre façon par les prêts de blé et d’argent que les aisés leur font dans leurs besoins, au moyen desquels ils exercent une grosse usure sur eux, sous le nom de présents qu’ils se font donner après les termes de leur créance échus. Beaucoup d’autres vexations de ces pauvres gens demeurent au bout de ma plume pour n’offenser personne. » Attends ! Tu n’as pas fini, car l’hiver se met de la partie. Rivières et fleuves sont couverts de glace. De grosses pierres éclatent, chênes et noyers se fendent jusqu’aux racines. Ce qu’il te reste de pain de chènevis, qui te brûle l’estomac, tu le casses à coups de hache, puis le ronges après l’avoir fait dégeler sous le fumier. Ta maison, couverte de chaume et de roseaux et qui depuis des siècles s’est à peine modifiée,