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V

Enfin, voici le premier roi qui s’appelle « le père du peuple ! » Lorsqu’il traverse les campagnes, tu l’acclames, sachant qu’il a dit : « J’aime mieux voir mes courtisans rire de mes épargnes que mon peuple pleurer de mes dépenses. » Mais il meurt, sans successeur en bonté, et te voici de nouveau supportant le poids de la vie, Guerres de religion, peste et famine s’attaquent à toi. Chassés de vos maisons dévastées, dans les forêts vous vous nourrissez d’herbes sauvages. Pour labourer, vous vous assemblez la nuit, comme des hiboux, et vous vous attelez à la charrue. Des loups qui pullulent et se jettent sur toi en plein jour, ou des hommes d’armes qui te rançonnent, tu ne sais lesquels sont tes pires ennemis. Certes, voici bien le dimanche de la poule au pot, et c’est un autre bon roi dont tu retiendras le nom, mais ce n’est qu’un