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tu ne sais qu’en penser : viennent-ils du ciel ou de l’enfer ?

Et tu vas ainsi d’année en année, de siècle en siècle, toujours pareil à toi-même. Les guerres ne sont pas ton affaire : elles regardent les gens d’armes. Mais, plus tu vas, et plus tu en souffres : il y en a une qui dure cent ans ! Elle dure pourtant moins que toi qui résistes à tout.

Si je peux te voir au déclin des temps anciens et à l’aube des temps nouveaux, ce n’est point la figure monstrueuse et terrible de Jacques Bonhomme que j’aperçois. Elle exista, je le sais ; mais, à côté d’elle, la tienne se précise dans une atmosphère d’automne où l’on entend les cloches et non le tocsin, pacifique et résignée. Déjà tu connais les paroles de l’Évangile : « Heureux ceux qui sont dans l’affliction, car ils seront consolés ! » Tu n’es point celui qui réclame ni qui pille. Jamais tu ne prends ta hache pour enfoncer des portes, et tu sais que la faux n’a été créée que pour la moisson.