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LE SERVITEUR

« reur hyverne les bêtes labourantes au lieu de son vray domicile et le plus proche de soy qu’il peut, car l’œil du maistre repaist le cheval ou le bœuf : on a estimé que la disme a du profit qui vient du labeur de l’homme et des bestes doit venir au Curé du domicile ou du lieu où les bestes sont hyvernées, et la disme du profit qui vient de la terre doit venir au seigneur dismeur du territoire où la terre est située. » Toi, tu ne refuses pas de payer, mais nombre de tes frères y renâclent. Tu sais que la dîme est le cens que tu dois à Dieu et le signe de son domaine universel ; mais, eux, il faut qu’on les menace d’excommunication s’ils ne veulent pas solder intégralement ce qu’ils doivent sur le blé, le vin, les fruits, le foin, le lin, le chanvre, le fromage, et les portées des animaux. Tu sais que ceux qui retiennent la dîme compromettent le salut de leur âme. Et Dieu leur envoie la sécheresse et la famine.

Je te vois dans ton village, qui ne s’appelle pas encore commune, mais qui déjà est une paroisse. Voici l’église, qui vous sert non seulement de lieu de réunion pour prier, mais de grenier commun, de halle, et de forteresse en