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LE SERVITEUR

le permît. Que serions-nous devenus si tu étais parti à travers ces bois où l’on finit toujours par rencontrer quelque silencieux monastère à la porte duquel il suffit de sonner ? Qu’aurions-nous fait si comme saint Benoît le More tu avais, à ta façon, vendu les bœufs que nous n’avions pas pour entrer chez les ermites de saint François ? Mais tu étais pareil à saint Guy, le pauvre d’Anderlecht, qui fut longtemps sacristain de l’église Notre-Dame de Laeken. Son occupation, disent ses biographes, y fut de parer les autels, d’enlever les araignées de la voûte, de balayer le pavé, de tenir le sanctuaire dans une propreté convenable, de nettoyer tous les vases, de plier les ornements et de mettre des fleurs sur les châsses des saints ; enfin il n’omettait rien de ce qu’il croyait pouvoir convenir à la majesté de la maison de Dieu, et il n’avait pas de plus grand plaisir que de travailler à la rendre agréable, pour y attirer les fidèles et leur inspirer des sentiments de dévotion. Quand Dieu le délivra des misères d’ici-bas pour lui donner l’immortelle couronne de l’autre vie, la nuit du dimanche où il mourut sa chambre fut remplie d’une lumière céleste au milieu de laquelle parut une