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IV

Nous n’avons à la maison ni lettres de noblesse, ni parchemins attestant l’ancienneté de nos origines ; mais regarde comme je nous retrouve dans la suite des siècles !

Sous les Romains, ces hommes qui vont jambes nues mais la poitrine couverte d’une cuirasse étincelante d’or, et la tête, d’un casque d’argent, es-tu colon ou esclave ? L’un ou l’autre, tu n’as pas grande liberté d’aller où tu veux, et il faut que tu travailles, comme tu dis, « dur et ferme ». Colon, tu quittes les cités où l’on t’accable de redevances et d’impôts, pour te réfugier dans des campagnes sauvages où du moins le maigre fruit de tes peines t’appartiendra. Tu ne demandes pas grand’chose, et tu as raison, car tes vœux resteraient inexaucés. Plaines et vallées jadis fertiles ne sont plus qu’étangs et marais, et tu vis dans une cabane