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LE SERVITEUR

Château. C’est encore toi qui marches en tête. Il y a aujourd’hui, comment dirai-je ? un peu plus de laisser-aller. La Vierge est une douce maîtresse qui ne fronce jamais les sourcils. À date fixe, des générations ont accompli ce pèlerinage local qui dure une heure. Les costumes ont changé. On n’a pas toujours vu le suisse coiffé de son magnifique bicorne à plume blanche, ni les enfants de chœur en soutane rouge, ni les femmes ouvrant des ombrelles violettes, ni les membres de la Confrérie du Rosaire avec leur ruban bleu sur la poitrine. Ce n’a pas toujours été cette même statue qu’on a vue portée sur quatre épaules. Mais les sentiments de la procession n’ont pas changé. Nous voyons la Vierge idéalement debout sur le globe de notre monde, tandis que le vent de l’infini n’effeuille point les pétales des roses de Jéricho qui fleurissent ses pieds nus. Écoute les chants. On nomme la Vierge : étoile de la mer, tour d’ivoire, porte du ciel. On lui rappelle la salutation de l’Ange une après-midi que, dans le silence d’une maison où seul saint Joseph fait un peu de bruit, elle a vu apparaître le messager du Très-Haut. Ses ailes invisibles ont cessé de battre. Il se tient immo-