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cessions ont été instituées pour détourner de son peuple la colère de Dieu et pour le prier de bénir les fruits de la terre qui commencent alors à croître. Les haies des chemins que nous suivons sont tout humides, comme si elles venaient d’être aspergées d’eau bénite. Le parfum de l’encens domine les senteurs qui montent de la terre rajeunie. Chaque matin nous nous transportons sur un point différent des petits faubourgs, à l’endroit où une croix indique qu’ici c’est la campagne qui commence. Les chantres invoquent tous les saints : Patriarches et Prophètes, Apôtres et Evangélistes, Pontifes et Confesseurs, Docteurs de l’Église, Prêtres et Lévites, Moines et Ermites, Vierges et Veuves. L’officiant bénit et encense les jardins, les prés et les champs. Et ce sont des instants où l’on sent plus que jamais qu’il est six heures d’un matin du beau mois de Mai et que vraiment le ciel visite la terre.

Or, le jeudi de l’Ascension, c’est la terre qui rend visite au ciel. Le Sauveur nous quitte, sous les apparences du corps qu’il emprunta à notre humanité ; mais son esprit demeure avec nous, et son souvenir habite dans nos âmes. Tu es de