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LE SERVITEUR

me couche tout de suite. Mes yeux se ferment, malgré moi, d’eux-mêmes : tout à l’heure, ils se sont trop grands ouverts.

Ce n’est pas seulement le jour même de la fête : Noël dure au moins quinze jours, jusqu’au dimanche de l’Épiphanie où tu vois tous les peuples de la terre prendre le chemin de l’étable, chacun portant ses présents. Tu apportais, toi, un cœur pur et une âme pacifiée. Pour ceux qui ne songent qu’aux biens d’ici-bas, ce sont quinze jours de réjouissances, du réveillon au gâteau des Rois. Les enfants soufflent dans des trompettes en fer-blanc et tapent sur des tambours dont la peau ne résiste pas longtemps. Les familles se font des visites. Les hommes boivent la goutte sur des coins de tables. Toi, tu ne sors pas. Plus que jamais ta vie se partage entre la maison et l’église. Tu te hâtes de rentrer. Tu mets tes pantoufles et, près du poêle qui ronfle, plus que jamais tu lis et relis tes vies de saints.