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LE SERVITEUR

tir et, l’après-midi, la revue des pompiers que pourtant on venait voir des villages de la petite ville et des communes du canton les moins éloignées, les attractions diverses : tonneau, course en sacs, mât de cocagne, et, le soir, le concert donné par la fanfare et le feu d’artifice ? C’étaient deux soirs et une journée où la bière coulait à flots dans les cafés et dans les auberges, où l’on prononçait, au banquet de la municipalité, des discours appris par cœur et vantant la République et les bienfaits de l’école laïque. Or nous estimions que les trois Frères détenaient les secrets de la véritable éducation. Et de toute cette poudre du canon, des pétards et des fusées, se dégageait pour nous comme une odeur de guerre. Le soir du Quatorze-Juillet, tu te couchais plus tôt encore que la veille.

Il y avait encore la fête du premier Dimanche de Mai. Pour être moins bruyante — ce n’était pas la faute du canon, bien qu’il se reposât ce jour-là, — elle n’en était pas moins courue. Elle était comme la reconnaissance officielle du retour du printemps dont les bienfaits, depuis le 21 mars, avaient eu le loisir de s’affirmer.