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XI

Il ne te restait pas beaucoup de temps pour fréquenter les hommes de ton âge ni pour te distraire. D’ailleurs tu n’en éprouvais pas le besoin.

À peu près une fois l’an tu faisais un long voyage : jusqu’à la Grange-Billon, jusqu’à l’ancienne auberge qu’avaient ouverte ton père et ta mère. Elle n’était plus maintenant qu’une maison ordinaire. Le vent pouvait souffler sur la route de Brassy : il ne secouait plus la branche de genévrier décrochée du pignon. Ton père et ta mère vivaient de la pension que tes frères et toi leur serviez, depuis que les partages avaient été faits. Nous y allions le dimanche après vêpres, presque toujours au mois de janvier. Nous les trouvions au coin du feu, remâchant leur vie d’autrefois, et poussant, par habi-