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LE SERVITEUR

cafetiers ni les aubergistes ne font cadeau de leur « marchandise ». Tu ne fumais pas. Le tabac donne mal à la tête. C’est un poison. Il faut travailler deux heures durant pour en gagner un paquet de cinquante centimes. C’est une grande force dans la vie que d’avoir, comme étalon de ses besoins et de ses désirs, le prix d’une heure de son propre travail. On peut se passer de distractions. Il faut que toujours la volonté soit tendue, qu’à pas un seul endroit elle ne fléchisse.

Et puis tu voulais en donner aux riches pour leur argent. Tu n’ignorais pas que gagner « cinq sous de l’heure » oblige à ne pas se reposer une minute.

Pourtant, les jeudis où je n’allais pas à l’école et, durant les grandes vacances, les jours où il faisait « par trop étouffant », vers quatre heures nous te portions du vin frais mélangé d’eau du puits. Plusieurs fois ainsi je t’ai trouvé dans le jardin de « la Marie de Mme de La Reynière ». La bonne d’une veille dame n’a pas le temps de bêcher ses carrés ni de sarcler elle-même ses allées. Dans un coin, face au Sud, il y avait dés ruches autour et à l’intérieur des-