Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
LE SERVITEUR

dans les communes d’au moins cinq cents âmes. Il n’y en a point dans les villages où chaque paysan possède sa maison, son pré, son champ, et ne travaille que pour son propre compte. Tu faisais partie de cette grande famille d’ouvriers qui, comme l’a dit un écrivain de nos pays, n’ont pas de métier spécial : ils savent seulement tout faire. Qu’on vous appelle, et vous accourez. Parfois même vous n’attendez pas : vous allez vous proposer. Vous êtes tous vêtus à peu près de la même façon : presque tous vous portez un vieux chapeau de feutre noir vite déformé. Quelques-uns, les plus vieux, sont coiffés de casquettes à oreillettes qu’ils rabattent quand le froid pince. Vous possédez à peu près tous les mêmes outils. Ce sont vos seuls frais de première mise et d’installation : une pioche, une bêche, un râteau, un sarcloir, une fourche en fer, un sécateur, une scie, une hache, une cognée, des coins, une brouette. La brouette est pour vous la voiture à âne des paysans des villages ; elle sert à tous usages. Vous limez vous-mêmes votre scie. Quand vient à se briser une dent du râteau, vous la remplacez par un long clou. Dans chaque petite ville les bourgeois sont