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LE SERVITEUR

petites feuilles des épiniers étaient d’un vert plus tendre qu’à l’heure de midi. Des limaces rouge sombre se promenaient parmi l’herbe mouillée et sur le gravier avec une vitesse supérieure à celle des escargots. Les lézards n’étaient pas encore sortis de chez eux. Et les hautes orties pâles s’inclinaient tantôt avec mollesse aux derniers souffles du vent frais, tantôt plus bas peut-être qu’elles n’eussent voulu lorsqu’elles étaient secouées par le manche de tes outils posés en travers sur ta brouette. Les alouettes chantaient au milieu des airs, et beaucoup d’oiseaux sur les arbres des haies. À cinq heures tu sonnais l’Angélus, puis jusqu’à huit heures tu travaillais chez les autres. Alors tu rentrais manger la soupe. Mais, n’ayant pas oublié les oiseaux, tu disais :

— J’ai entendu des oiseaux, des oiseaux !… C’en était un vrai concert.

Ce sont les seuls concerts que tu aies jamais entendus. Ce sont peut-être les plus beaux, dans la fraîcheur et sous la pure lumière des matins d’été.

Ta journée chez les autres finissait à sept heures du soir. Mais, t’étant dépêché de manger la