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LE SERVITEUR

dégourdir les bras. Chaque année, en septembre, M. le curé prend trois hommes de journée — tu es un des trois, — qui lui scient sa provision de bois pour l’hiver. Le père Pesle vous regarde : il va jusqu’à vous donner des conseils. Mais il se refuse à ce que ce soit un autre que lui qui mette le vin en bouteilles : il n’a pas confiance en un étranger qui ne se gênerait pas pour goûter au vin. Chaque matin, pour se dégourdir les jambes, — sans doute en ont-elles plus besoin que ses bras, — il descend en ville avec un grand panier à couvercle : il tient à faire les commissions, et, le Jeudi, c’est lui-même qui au marché discute des prix avec les femmes des villages. Il ne va pas que dans les boutiques, ni que sur la place : son panier connaît le parquet et les banquettes des cafés. Il rentre tard, mais il y a toujours une vraie foule à l’épicerie, à la boucherie : pas moyen de se faire servir !

C’était le vicaire qui consentait à me donner des leçons de latin. Il lui arrivait de s’ennuyer dans sa chambre où il était seul, et, comme elle était exposée au Nord, d’y avoir froid malgré sa cheminée prussienne. Tu respectais en lui le caractère sacerdotal. Parce qu’il savait le latin,