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V

Je me rappelle quand le temps des veillées était venu. Pour toi c’était tout de même une période de repos relatif. Plus que durant l’été tu profitais de la maison. Le ciel persistait à rester gris. Un beau jour, vers une heure de l’après-midi, nous entendions crier des canards sauvages qui passaient lentement au-dessus de la petite ville. Ils nous saluaient à leur façon. Sans doute aussi se moquaient-ils du coq de fer que sa situation officielle immobilisait à la pointe du clocher. Ils entreprenaient un long voyage pendant lequel ils n’auraient à compter que sur leurs propres forces. Tu ne les enviais pas, ni ne les suivais des yeux, ni ne te représentais les bords ignorés où ils se rendent. Mais nous savions que les temps étaient venus. Les cris de ces voyageurs nous annonçaient que l’heure allait sonner du repos au coin du feu.